Dans le cadre du numéro spécial «Frontières de l’économie – déplacements récents»
lien : https://journals.openedition.org/oeconomia/17317
Abstract :
Marion King Hubbert (1903-1989) est un géophysicien connu pour ses travaux au sujet de l’épuisement des ressources pétrolières (théorie dite du « pic pétrolier »). Mais Hubbert est également un théoricien et militant politique engagé dans le Mouvement Technocratique, un mouvement politique principalement actif dans les années 1930 aux États-Unis. Ce mouvement est caractérisé par une analyse de l’économie en termes physiques et par la revendication d’une planification intégrale de l’économie sous le contrôle des ingénieurs. Hubbert donnera la formulation la plus systématique de la pensée de ce mouvement dans Technocracy Study Course (Hubbert, [1934] 2005), un ouvrage destiné à la formation scientifique et politique des militants de l’organisation dont il est le co-fondateur. Cet article analyse la manière dont cet ouvrage questionne la frontière entre économie et sciences de la nature en distinguant d’un côté les fait économiques qui constituent une transformation d’énergie et de ressources et sont donc soumis aux lois physiques ; de l’autre les phénomènes monétaires, régis par des conventions humaines. Nous commentons la manière dont Hubbert construit une théorie critique de l’économie de marché en partant d’un usage non-métaphorique de la physique et montrons comment son raisonnement aboutit à l’idée d’une planification économique en termes énergétiques. Ces éléments font d’Hubbert un auteur pertinent pour l’étude de l’histoire des approches bio-physiques en économie.